Blog consacré aux littératures africaine et caribéenne. En sommeil depuis octobre 2010.

mercredi 29 avril 2009

Alain Mabanckou


Alain Mabanckou est né le 24 février 1966 à Pointe-Noire, ville côtière et capitale économique du Congo-Brazzaville, où il passe son enfance, commence des études primaires et secondaires et obtient un baccalauréat option lettres et philosophie au lycée Karl-Marx. Sa mère souhaitant le voir devenir magistrat ou avocat, il commence des études de droit à Brazzaville, puis à l’université Paris-Dauphine.

Un DEA en droit des affaires en poche, il travaille dix ans durant comme conseiller à la Lyonnaise des eaux – aujourd’hui Suez. Parallèlement, le jeune homme produit et anime des émissions culturelles pour Média Tropical et fait ses premiers pas en poésie avec l’ouvrage Au jour le jour (1993). Cinq ans plus tard paraît son premier roman, Bleu Blanc Rouge (1998, Grand prix littéraire de l’Afrique noire).

En 2001, Alain Mabanckou bénéficie d’une résidence d’écriture aux Etats-Unis. Il démissionne de la Lyonnaise des eaux quand l’université du Michigan lui propose un poste de professeur de littérature francophone, qu’il occupera pendant quatre ans, avant de partir pour la prestigieuse université de Californie-Los Angeles (UCLA), où il enseigne toujours.

Alain Mabanckou est devenu une figure majeure de la littérature francophone depuis la parution de Verre Cassé (2005, prix Ouest-France/Etonnants voyageurs, prix des Cinq continents de la francophonie, prix RFO du livre), un succès confirmé par Mémoires de porc-épic (2006, prix Renaudot, entre autres). Des ouvrages dans lesquels il a su imposer un style tout en légèreté, croquant, l’air de rien, ses contemporains avec truculence et justesse.

A lire :
Bleu Blanc Rouge, Présence africaine, 1998
L’Enterrement de ma mère, Kaléidoscope, 2000
Et Dieu seul sait comment je dors, Présence africaine, 2001
Les Petits-Fils nègres de Vercingétorix, Le Serpent à plumes, 2002
African Psycho, Le Serpent à plumes, 2003
Verre Cassé, Seuil, 2005
Mémoires de porc-épic, Seuil, 2006
Black Bazar, Seuil, 2009


Poésie :
Tant que les arbres s’enracineront dans la terre, œuvre poétique complète de 1995 à 2004, Points Seuil, 2009

Essai :
Lettre à Jimmy, Fayard, 2007

Sources : Alain Mabanckou, Evene

dimanche 26 avril 2009

Kossi Efoui lauréat du prix Ahmadou Kourouma


Kossi Efoui a remporté le prix Ahmadou Kourouma, avec Solo d’un revenant (Seuil). Pour la sixième fois, ce prix a été décerné dans le cadre du Salon africain du livre, de la presse et de la culture, à Genève, jeudi 23 avril. Solo d’un revenant était en compétition avec sept autres livres.

Le prix Ahmadou Kourouma récompense un ouvrage, essai ou fiction, consacré à l’Afrique subsaharienne. Lancé en 2004, il porte le nom du grand romancier ivoirien décédé le 11 décembre 2003 à Lyon.

Dans Solo d’un revenant, explique l'éditeur, « le narrateur revient dans son pays après dix ans de massacres. Ce faisant, il cherche à comprendre comment son ami Mozaya est mort, et à retrouver un certain Asafo Johnson avec lequel il avait fondé une troupe de théâtre en ses années d’étudiant. La vie renaît, hantée par de vieilles et mortelles litanies, ces phrases-talismans qui se recourbent sur elles-mêmes comme la queue du scorpion. »

Né au Togo, Kossi Efoui a déjà publié deux romans, La Polka (1998) et La Fabrique de cérémonies (2001), et un recueil de nouvelles, Volatiles (2006). Il est aussi l’auteur de pièces de théâtre : Le Carrefour (1989), La Malaventure (1993), Le Petit Frère du rameur (1995), L’Entre-deux-rêves de Pitagaba (2001).

Solo d’un revenant a déjà décroché le prix Tropiques et est sélectionné pour le prix Jean Amila-Meckert.

A lire :
Solo d'un revenant
de Kossi Efoui
Seuil, 2008
206 p., 17 euros


mardi 21 avril 2009

Huit livres en lice pour le prix Ahmadou Kourouma


Le prix Ahmadou Kourouma récompense un ouvrage, essai ou fiction, consacré à l’Afrique subsaharienne. Lancé en 2004, il porte le nom du grand romancier ivoirien décédé le 11 décembre 2003 à Lyon. Il sera remis le jeudi 23 avril dans le cadre du Salon africain du livre, de la presse et de la culture, à Genève.

Les ouvrages sélectionnés sont les suivants :


Inassouvies, nos vies
de Fatou Diome
Flammarion, 2008
270 p., 19 euros


Présentation de l’éditeur :
« Betty passe son temps à observer l’immeuble d’en face. Son attention se focalise sur une vieille dame ; à son air joyeux, elle la baptise Félicité et se prend d’affection pour elle. Lorsque Félicité est envoyée contre son gré dans une maison de retraite, Betty remue ciel et terre pour la retrouver. (…) Chez elle, seule la musique, la kora, répond aux questions : inassouvie, la vie, puisqu’il y a toujours un vide à combler. »




Nous, enfants de la tradition
de Gaston-Paul Effa
Anne Carrière, 2008
164 p., 17 euros

Présentation de l’éditeur :
« Osele, l'aîné de 33 enfants, est envoyé en France, où il fait de brillantes études d'ingénieur. Marié à une Française, père de deux enfants, il expédie tout son salaire en Afrique, ce qui le mène à la rupture conjugale. Le narrateur n'a de cesse de se justifier en remontant le cours de sa mémoire, dégageant peu à peu le modeste gisement d'une existence vouée au respect de la tradition. Cet homme dénué d'agressivité, qui n'élève jamais la voix, avec quel acharnement il dénonce la perpétuation d'un héritage ! (…) Mais un homme seul peut-il s'opposer à un peuple conservateur qui a tout intérêt à entretenir une telle dépendance ? »

Solo d’un revenant
de Kossi Efoui
Seuil, 2008
206 p., 17 euros


Présentation de l’éditeur :
« Le narrateur revient dans son pays après dix ans de massacres. Ce faisant, il cherche à comprendre comment son ami Mozaya est mort, et à retrouver un certain Asafo Johnson avec lequel il avait fondé une troupe de théâtre en ses années d'étudiant. La vie renaît, hantée par de vieilles et mortelles litanies, ces phrases-talismans qui se recourbent sur elles-mêmes comme la queue du scorpion. »




Ces jours qui dansent avec la nuit
de Caya Makhélé
Acoria, 2008
164 p., 15,50 euros


Présentation de l’éditeur :
« Une femme décide de dévoiler l'intimité de son existence, à travers un récit polymorphe qui nous entraîne au plus profond des détours de son âme. Elle se raconte dans une mise en abîme qui nous fait entrevoir les différents recoins des maux et des joies qui l'habitent. On va de surprise en surprise, jusqu'au point de se sentir interpellé. Chaque phrase de la narratrice nous dévisage, identifiant en nous des personnages plausibles d'un roman qui apparaît comme un jeu d'écritures subtil et vivifiant. »



La Femme aux pieds nus
de Scholastique Mukasonga
Gallimard, 2008
143 p., 13,90 euros


Présentation de l’auteur :
« Cette femme aux pieds nus qui donne le titre à mon livre, c'est ma mère, Stefania. Lorsque nous étions enfants, au Rwanda, mes sœurs et moi, maman nous répétait souvent : Quand je mourrai, surtout recouvrez mon corps avec mon pagne, personne ne doit voir le corps d'une mère. Ma mère a été assassinée, comme tous les Tutsi de Nyamata, en avril 1994 ; je n'ai pu recouvrir son corps, ses restes ont disparu. Ce livre est le linceul dont je n'ai pu parer ma mère. »



El Hadj
de Mamadou Mahmoud N’Dongo,
Le Serpent à plumes, 2008
293 p., 18 euros


Présentation de l’éditeur :
« Dans El Hadj il y a un wagon qui n'ira plus nulle part, il y a une petite fille aux allumettes, il y a une cité, des assassins, un feu qui vient du ventre et embrase tout. Dans El Hadj il y a Dieu et les hommes. Dans El Hadj il y a surtout El Hadj... et El Hadj ne veut pas oublier. »





Ayanda, la petite fille qui ne voulait pas grandir
de Véronique Tadjo et Bertrand Dubois (illustrations)
Actes Sud Junior, 2007
32 p., 13,80 euros


Présentation de l’éditeur :
« Ayanda était une petite fille heureuse, toujours souriante. Un jour, une guerre terrible éclata. Une guerre insensée. Son papa, si doux, si gentil, fut forcé d'aller se battre. Il ne revint jamais. Le cœur d'Ayanda fut brisé. Son chagrin se transforma en colère, elle décida alors d'arrêter de grandir. »





Mathématiques congolaises
de In Koli Jean Bofane
Actes Sud, 2008
317 p., 22 euros


Présentation de l’éditeur :
« Dans un Kinshasa secoué de remous de toutes sortes, Célio aurait pu traîner sa galère encore longtemps, n'eût été sa rencontre avec le directeur d'un bureau aux activités très confidentielles, attaché à la présidence de la République. (…). Le jeune homme tient là l'occasion de rejoindre le cercle très fermé des sorciers modernes qui manipulent les êtres et la vie quotidienne. (…) C'est grâce à des théorèmes et à des définitions contenues dans un vieux manuel scolaire que Célio Mathématik espère influer sur le destin dont il dit n'être que le jouet. »

lundi 20 avril 2009

Salon africain du livre, à Genève


Dans le cadre du Salon international du livre et de la presse de Genève, du 22 au 26 avril, se tient le sixième Salon africain du livre, de la presse et de la culture. Créé en 2004, cet événement, soutenu par l’Organisation internationale de la francophonie et par le département suisse des Affaires étrangères, a pour vocation de « favoriser une meilleure connaissance de l’Afrique et de sa remarquable littérature ».

L’édition 2009 se présente sous le thème d’une actualité particulière : « Afrique migrations : des origines de l’homme à nos jours ». Elle permettra au public de rencontrer des auteurs, des éditeurs, des journalistes, de participer et d’assister à des conférences et débats sur le thème de l’Afrique et de la migration.

Parmi les invités au rendez-vous : Gustave Akakpo (Togo), Adame Ba Konaré (Mali), Tanella Boni (Côte d’Ivoire), Patrick Chamoiseau (Martinique), Kossi Efoui (Togo), Dany Laferrière (Haïti), Abasse Ndione (Sénégal)…

Le Salon sera également l’occasion de remettre le prix Ahmadou Kourouma, le jeudi 23 avril.

6ème Salon africain du livre, de la presse et de la culture
Geneva Palexpo
Du mercredi 22 au dimanche 26 avril

Source : Salon international du livre et de la presse (où l’on peut notamment télécharger le programme détaillé)

« Black Bazar », d’Alain Mabanckou


A la lecture de ses précédents ouvrages, Verre Cassé et Mémoires de porc-épic, on aurait pu être tenté de réduire les romans d’Alain Mabanckou à des histoires sans ponctuation – sinon la virgule – écrites par un Congolais à casquette molle. Un style original et qui sert à merveille les récits truculents de l’écrivain, mais, pour son dernier livre, Mabanckou a abandonné cette marque de fabrique avant qu’elle ne devienne carcan et, dans Black Bazar (2009), le point et la majuscule font leur grand retour !

Cette précision faite, reste que Black Bazar s’inscrit dans la droite ligne de Verre Cassé. Dans ce dernier, un habitué d’un bar congolais crasseux – Le Crédit a voyagé – se voyait remettre par le patron un cahier dans lequel écrire les anecdotes pittoresques et décrire les personnages picaresques du troquet. Le narrateur – à la première personne – de Black Bazar, c’est un peu Verre Cassé qui se retrouverait à Paris devant une machine à écrire et qui se mettrait à raconter, de manière tout aussi désordonnée, ses errements dans la capitale.

On ne connaît pas son nom. C’est un Congolais du « petit Congo » arrivé à Paris quinze ans plus tôt ; un « sapeur » (adepte de la Sape, la Société des ambianceurs et des personnes élégantes) portant costumes Emanuel Ungaro et chaussant Weston, qui décrypte la personnalité des hommes en observant leurs nœuds de cravate ; un « fessologue » qui analyse le potentiel des femmes en lorgnant leur « face B ». Trompé, largué par la mère de sa fille, il se découvre une vocation d’écrivain…

A travers cette chronique d’un Africain à Paris, Alain Mabanckou jongle, avec humour et fausse naïveté, avec les préjugés et les identités, incarnés par une galerie de personnages hauts en couleur qui déclinent leur mélanine sur toute la palette de la négritude. Il y a l’Ivoirien qui veut prendre une revanche « à l’horizontale » sur la colonisation, le Franco-Ivoirien « blanc le jour et noir la nuit », la Congolaise née dans la grisaille de France et pourtant si noire, l’Antillais raciste, l’Arabe du coin chantre de l’unité africaine, le Breton qui aime l’Afrique…

Tout ce petit monde se côtoie dans le fief parigo-africain formé par le triangle Château rouge, Château d’eau et Châtelet-Les Halles. Et ça discute filles et bouquins, trou de la Sécu et Western Union… Avec légèreté ou passion, les avis s’échangent et, au fil des discussions et des pensées du narrateur, Alain Mabanckou aborde tour à tour les différentes préoccupations, moins pratiques qu’intellectuelles, d’un Africain en France. Sans pour autant épargner le continent d’origine.

Privilégiant une écriture directe, sans chichis, Alain Mabanckou signe ici un roman stimulant qu'on lit d'une traite et qui flatte la langue française. Mabanckou déforme les expressions ; truffe réflexions, dialogues et monologues – savoureux – de références artistiques, historiques ou politiques plus ou moins explicites ; et rend, par la nature de l’intrigue et par la manière de la raconter, un hommage à peine voilé à l’acte d’écrire.

Black Bazar
d’Alain Mabanckou
Seuil, 2009
247 p., 18 euros


Une autre chronique de Black Bazar sur le blog Passionnante littérature !

PS : A propos des « sapeurs », je ne peux que vous recommander la lecture du dernier numéro de l’excellente revue trimestrielle XXI, qui consacre 26 pages à un récit photo d’Hector Mediavilla sur « les sapeurs de Brazza ». En vente en librairie.

XXI
n°6, printemps 2009
210 p., 15 euros

Kossi Efoui lauréat du prix Tropiques


Kossi Efoui a remporté le prix Tropiques 2009, avec Solo d’un revenant (Seuil). La cérémonie de remise du prix aura lieu le lundi 27 avril à l’Agence française de développement (AFD), Paris-12e.

Le prix Tropiques a été créé en 1991 à l’occasion du 50ème anniversaire de l’AFD, afin de récompenser des écrivains qui apportent leur éclairage sur des questions relatives à la coopération et au développement et leur impact sur les populations qui en sont bénéficiaires. Il est attribué à des auteurs de tous horizons pour des romans, des récits ou des essais rédigés en langue française.

Dans Solo d’un revenant, explique l'éditeur, « le narrateur revient dans son pays après dix ans de massacres. Ce faisant, il cherche à comprendre comment son ami Mozaya est mort, et à retrouver un certain Asafo Johnson avec lequel il avait fondé une troupe de théâtre en ses années d’étudiant. La vie renaît, hantée par de vieilles et mortelles litanies, ces phrases-talismans qui se recourbent sur elles-mêmes comme la queue du scorpion. »

Solo d’un revenant est également sélectionné pour le prix Jean Amila-Meckert et le prix Ahmadou Kourouma.

A lire :
Solo d'un revenantde Kossi Efoui
Seuil, 2008
206 p., 17 euros

lundi 13 avril 2009

Kossi Efoui en lice pour le prix Jean Amila-Meckert


La semaine dernière, cinq livres ont été sélectionnés pour le prix Jean Amila-Meckert qui sera remis le 29 avril au théâtre d’Arras. Ce prix, créé en 2005 par le conseil général du Pas-de-Calais et l’association Colères du présent dans le cadre du Salon du livre d’expression populaire et de critique sociale d'Arras, a pour objectif de faire connaître et de valoriser ce type de littérature.

Parmi les cinq ouvrages publiés en 2008 retenus par le jury – composé d’écrivains, de professionnels de la culture et de la création artistique, de représentants syndicaux et de représentants de collectivités, il est présidé cette année par Olivier Adam, lauréat du prix en 2008 avec A l’abri de rien (L’Olivier) – figure Solo d’un revenant, de l’écrivain togolais (exilé en France) Kossi Efoué (Seuil). Les autres livres sélectionnés sont Zulu, de Caryl Ferey (Gallimard), Il risque de pleuvoir, d’Emmanuelle Heidsieck (Seuil), Corniche Kennedy, de Maylis de Kerangal (Verticales) et Atelier 62, de Martine Sonnet (Le Temps qu’il fait).

Dans Solo d’un revenant, explique l'éditeur, « le narrateur revient dans son pays après dix ans de massacres. Ce faisant, il cherche à comprendre comment son ami Mozaya est mort, et à retrouver un certain Asafo Johnson avec lequel il avait fondé une troupe de théâtre en ses années d’étudiant. La vie renaît, hantée par de vieilles et mortelles litanies, ces phrases-talismans qui se recourbent sur elles-mêmes comme la queue du scorpion. »

Né en 1962 au Togo, Kossi Efoui a déjà publié deux romans, La Polka (1998) et La Fabrique de cérémonies (2001), et un recueil de nouvelles, Volatiles (2006). Il est aussi l’auteur de pièces de théâtre : Le Carrefour (1989), La Malaventure (1993), Le Petit Frère du rameur (1995), L’Entre-deux-rêves de Pitagaba (2001).

Actualisation 29 avril : Le prix Jean Amila-Meckert a finalement été décerné à Caryl Férey pour son roman Zulu (Gallimard, 2008).

A lire :
Solo d'un revenant
de Kossi Efoui
Seuil, 2008
206 p., 17 euros

samedi 11 avril 2009

« Une vie d’ailleurs », au Musée africain de Lyon


Dans la rubrique « rendez-vous », voici un petit détour par l’art contemporain pour aborder l’écriture par un biais autre que la littérature. Au Musée africain de Lyon, l’artiste togolais Sokey Edorh s’interroge sur le rapport du continent à la trace écrite, pour ne pas réduire l’Afrique à sa fameuse « tradition orale ».

Le descriptif de l’expo :
« Le stéréotype voudrait que les Africains n’aient pas de tradition écrite. La vérité, c’est qu’ils connaissent l’écriture depuis l’aube de l’humanité. Quelle culture ne possède pas son écriture propre, née des tout premiers idéogrammes et pictogrammes ? C’est précisément l’idée que Sokey Edorh défend à travers ses œuvres. Les signes d’écriture révèlent selon lui un style de vie qui, non seulement semble venir d’ailleurs, mais qui est aujourd’hui perdu pour de nombreux Africains. Ainsi, Edorh s’attache à créer un langage qui puisse jeter un pont entre la société africaine moderne et son passé. Dans ses œuvres, l’artiste poursuit une quête personnelle pour se réapproprier une partie de son histoire, de son identité et de sa culture. »

Exposition « Une vie d’ailleurs »
Musée africain de Lyon
150 cours Gambetta, Lyon

Jusqu’au 19 avril 2009

jeudi 9 avril 2009

Ken Bugul


Mariètou Mbaye Biléoma – Ken Bugul est un pseudonyme qui signifie en wolof « personne n’en veut » – est née en 1947 dans la région de Thiès, au Sénégal, d’un père marabout de 85 ans et d’une mère qui se sépare d’elle alors qu’elle n’a que 5 ans. Après des études secondaires à Thiès, elle passe une année à l’université de Dakar où elle obtient une bourse d'études qui lui permet de se rendre en Belgique puis en France.

Diplômée de langues, spécialiste du développement, elle a été, de 1986 à 1993, fonctionnaire internationale chargée de la planification familiale successivement à Nairobi (Kenya), Brazzaville (Congo) et Lomé (Togo). Veuve d’un médecin béninois, elle s’est installée à Porto-Novo, au Bénin, où elle a ouvert une galerie d’art, dirige une entreprise de promotion d’œuvres culturelles, d’objets d’art et d’artisanat, et anime des ateliers d’écriture.

Ken Bugul a publié son premier roman, Le Baobab fou, en 1983 : une poignante autobiographie dans laquelle elle raconte notamment le sentiment d’abandon qui a dominé sa jeunesse. Elle récidive bien plus tard, en 1994, avec Cendres et Braises, puis en 1999 avec Riwan ou le Chemin de sable, qui obtient le Grand prix littéraire de l’Afrique noire. Ses thèmes de prédilection, parfois traités sous un angle autobiographique, sont la condition de la femme, la religion, les traditions et les rapports Nord-Sud.

A lire :
Le Baobab fou, NEAS, 1983
Cendres et Braises, L’Harmattan, 1994
Riwan ou le Chemin de sable, Présence africaine, 1999
La Folie et la Mort, Présence africaine, 2000
De l’autre côté du regard, Le Serpent à plumes, 2003
Rue Félix-Faure, Hœbeke, 2005
La Pièce d’or, UBU, 2006
Mes Hommes à moi, Présence africaine, 2008

mercredi 8 avril 2009

« La Pièce d’or », de Ken Bugul


C’est par une œuvre assez symbolique de la littérature africaine contemporaine que j’inaugure ce blog. La Pièce d’or (2006), de l’écrivaine sénégalaise Ken Bugul, fait à mon sens figure de roman « panafricain ». Certes l’histoire se déroule au Sénégal – les noms des personnages, les mots en wolof et certaines scènes ne laissent à ce titre aucun doute – mais le pays n’est volontairement jamais cité, les noms des villes sont détournés – la capitale s’appelle Yakar.

Car ce que décrit Ken Bugul dans ce roman est commun à de nombreux pays d’Afrique. L’auteure raconte comment un homme, Ba’Moïse, qui autrefois s’était battu avec un lion et à qui ce fait de gloire valait de jouer le rôle du faux-lion au jeu du simb dans son village d’origine, est contraint de fuir la misère pour une autre misère, celle de la grande ville, Yakar, où s’agrègent les rebuts de la société, matériels et humains.

L’exode rural et la misère, donc. Ce sont les premiers points, vérités incontestables du continent, qui apparaissent comme éléments « panafricains » au terme de ce résumé de l’intrigue. Mais ils sont la conséquence de l’occupation du pays. Non seulement celle des anciennes puissances coloniales – les « anciens occupants venus d’ailleurs », écrit Ken Bugul –, mais aussi celle des « nouveaux occupants » arrivés au pouvoir « après les années soixante », et qui bradent terres et mers à leurs prédécesseurs qui avaient instauré des cultures de rente ; et qui détournent des milliards de francs CFA au passage…

La Pièce d’or, fiction de bonne tenue, ressemble à s’y méprendre à une œuvre politique, en ce qu’elle décrit et dénonce le système implacable qui pousse les habitants à « l’errance » dans les rues de Yakar. Preuves de cet engagement et de la vocation panafricaine de ce roman, les titres de chapitres, sans rapport avec l’intrigue, égrènent les grands noms de la résistance et de l’histoire du continent : Thomas Sankara, Nelson Mandela, mais aussi Aung San Suu Kyi…

Sur la forme, le roman est rythmé par des phrases qui reviennent comme des roulements de tam-tam : « Et le bruit lourd et sourd montait des entrailles de la terre. » Comme un avertissement répété aux « nouveaux occupants » dont le « jemenfoutisme » ne peut plus durer car, niché entre les turpitudes d’une indépendance dévoyée et les promesses des mythes éternels, réside l’espoir, un « filet de lumière » pour guider le peuple loin de la résignation, vers la dignité retrouvée.

PS : Il semblerait que les citoyens de Dakar, en refusant d’élire Karim Wade, fils du « nouvel occupant », à la mairie de la capitale sénégalaise, fin mars, aient trouvé la fameuse « pièce d’or »

La Pièce d’or
de Ken Bugul
éditions UBU, 2006
314 p., 18 euros

Une autre chronique de La Pièce d'or sur le blog Aimez-vous lire ?

mardi 7 avril 2009

Genèse - Entretenir le lien


Le premier roman africain que j’ai lu, c’était en 2005 : L’Harmattan (Présence africaine, 1964), de Sembène Ousmane. Je m’apprêtais alors à partir six mois au Sénégal, et c’était le moyen qui m’avait paru le plus évident pour m’imprégner en amont de la culture sénégalaise et pour préparer mon séjour.

Depuis, je consulte régulièrement les rayons Afrique des librairies – lesquels comptent hélas rarement plus de bouquins que le continent compte de pays… S’il est vrai que la lecture permet de voyager, elle permet aussi de ranimer des souvenirs et, pour moi qui ne suis pas retourné en Afrique depuis, elle constitue un lien privilégié avec ce continent.

J’ai décidé de consacrer un blog à la littérature africaine pour entretenir ce lien et pour partager mes lectures d’Afrique. C’est aussi l’occasion pour moi, « intermittent du journalisme », de me forcer à écrire régulièrement et de m’exercer à la gestion d’un blog.

On trouvera ici des résumés de lectures plus que des critiques de livres – auxquelles, n’ayant pas de formation littéraire, je n’ai pas l’intention de prétendre. Mais aussi des présentations d’écrivains, de maisons d’édition, et pourquoi pas des infos pratiques et des rendez-vous. Sans pour autant coller à l'actualité.

A suivre…

PS : Merci à Tiphaine pour le titre du blog.